NON AUX LÉGUMES BIO PRODUITS A CONTRE SAISON EN SERRES CHAUFFÉES !
En 2019, le réseau des Agriculteurs bio de Bretagne (GAB-FRAB) s’est mobilisé contre la production de tomates bio à contre saison issues de serres chauffées. À nouveau en 2024 et suite à la décision du Conseil d’Etat de 2023 ré-autorisant la vente de légumes bio produits sous serres chauffées, le réseau des Agriculteurs bio de Bretagne (GAB-FRAB) se mobilise et lance sa campagne de communication contre la production et la commercialisation de légumes bio produits sous serres chauffées du 15 mars au 15 avril.
Dites non aux légumes bio produits à contre saison sous serres chauffées
PRODUCTEUR·RICE·S ET PARTENAIRES, NOUS AVONS BESOIN DE VOUS !
Pour vous rappeler le contexte :
Avant 2019 : Le règlement bio n’indiquait aucune restriction sur la production de légumes bio sous serres chauffées
2019 : Les professionnels français, dont la FNAB se mettent d’accord pour encadrer cette pratique en restreignant la commercialisation de légumes produits sous serres chauffées, justifiant ce cadrage par les grands principes de l’AB : saisonnalité, économie, durabilité, sobriété. Les cultures bio sous serres chauffées ne sont pas interdites, mais leurs produits ne doivent pas arriver sur les étals avant le 1ᵉʳ mai. Dans le même temps, le réseau GAB-FRAB se mobilise et lance une première campagne pour sensibiliser le grand public “La saison des tomates bio, c’est de juin à octobre !”
Juin 2023 : A force de pression, les coopératives légumières partisanes d’une industrialisation de la bio parviennent à leur fin : le Conseil d’État abroge la disposition interdisant la commercialisation des légumes bio cultivés sous serres chauffées avant le 1er mai. La raison ? Une distorsion de concurrence subie par les serristes face aux importations européennes ! Le chauffage des serres en bio et la vente des produits issus de ces cultures sans restriction redeviennent possible.
LE CAHIER DES CHARGES BIO MENACÉ
Autoriser les serres chauffées en bio revient à nier les grands principes de la BIO en :
❌ ne respectant pas les cycles naturels de production, ni la saisonnalité
❌ n’utilisant pas de manière responsable les ressources énergétiques
❌ détériorant la fertilité des sols sur le long terme
❌ mettant en danger la biodiversité, la qualité de l’air
Dérèglementer le chauffage des serres en bio vise simplement à satisfaire les impératifs économiques des coopératives de légumes intensives faisant perdre tout repère saisonnier aux consommateur·rice·s.
L’arrivée massive de ces tomates produites sous serre chauffée provoque un effondrement du marché : la saison des tomates débute avec des prix très bas, non rémunérateurs et des difficultés à relancer les prix ensuite.
À la recherche d’une bio toujours plus cohérente et exigeante, notre réseau d’agriculteurs et agricultrices bio milite pour une évolution positive du cahier des charges. Déstabiliser le règlement bio en altérant son essence, en déformant son contenu, revient à le rendre moins crédible aux yeux de tout citoyen-consommateur, mettant en danger les filières bio.
DU 15 MARS AU 15 AVRIL
MOBILISONS-NOUS ET SENSIBILISONS LES CONSOMMATEUR·RICE·S !
Comment participer à cette campagne ?
1️⃣ Abonnez vous à la page Facebook des Agriculteurs bio de Bretagne et à celle de votre GAB pour ne rien louper des publications et les repartager
2️⃣ Partagez dans vos différents réseaux les visuels de la campagne de communication téléchargeables
3️⃣ Récupérez les visuels imprimés (affiches, flyers, stickers) à l’occasion de l’AG, d’une formation, d’un rendez-vous technique, etc.
BONUS
RÉPONDRE AUX IDÉES REÇUES SUR LES SERRES CHAUFFÉES
“Interdire le chauffage des serres génère une concurrence déloyale”
FAUX
Avant 2019, le chauffage des serres n’était pas limité. Malgré cela, des légumes bio d’été venant d’Espagne, d’Italie ou d’Afrique étaient déjà présents sur le marché français entre décembre et mai. Certaines enseignes ont choisi de ne pas importer ces produits hors saison.
De plus, officialiser cette restriction du chauffage des serres bio en France pouvait influencer la réglementation européenne, qui, elle-même, encourage un “usage responsable de l’énergie et des ressources naturelles”. L’idée que cette interdiction crée une concurrence déloyale ne semble pas correspondre à la réalité.
“Interdire le chauffage des serres c’est déstabiliser toute la production bio sous abri en France”FAUX
L’interdiction du chauffage des serres n’a pas eu d’impact généralisé sur la production bio sous-abri en France. En Bretagne, par exemple, sur 800 fermes productrices de légumes bio, moins de 10 utilisent du chauffage
“Le chauffage permet une meilleure gestion sanitaire des cultures” FAUX
Produire en serres chauffées à contre saison met les cultures dans des conditions propices aux maladies : journées peu lumineuses et humides (risque de botrytis), courtes et humides (cladosporiose) dans un climat confiné et doux (mildiou). L’un des principes de l’AB c’est « prévenir plutôt que guérir », donc le plus simple pour éviter l’apparition des maladies (ici champignons) c’est de placer les cultures dans un environnement favorable. Ce qui n’est pas le cas avec la production en serre chaude désaisonnée.
“Le chauffage engendre des consommations très modérées”FAUX
Les consommations d’une serre chauffée hors-sol sur une année s’établissent en moyenne à 3 500 MWh/ha, soit environ 368 m3 de fioul par hectare (en conditions normales d’ensoleillement, qui font énormément varier ce besoin d’énergie). A titre de comparaison, une maison moyenne (120 m², sous climat moyen métropolitain) consomme 8 500 kWh/an. A surface équivalente, une serre chauffée consomme donc 5 fois plus de chauffage qu’une maison !
“Le chauffage est indispensable pour déshumidifier les serres “FAUX
Pour bien décrire cette opération, on chauffe intensément le milieu pour l’assécher, tout en favorisant la circulation de l’air*. A l’image d’une maison un peu humide, on met les radiateurs à fond et on ouvre les fenêtres. Cela semble être une utilisation peu responsable de l’énergie. Il est possible de faire autrement, avec des aérations passives : ouverture des portes, aération par filet latéral, moindre densité des cultures, etc.
* Cette opération de déshumidification représente 20 à 30% de la facture énergétique (source CTIFL).
”Le chauffage des serres est associé à une production de CO2”VRAI
En serre chauffée, le milieu confiné est enrichi en CO2. Ce CO2 permet de maximiser la photosynthèse, processus naturel des plantes, et donc optimiser les rendements. Par des gaines d’air au plus près des plantes, le CO2 est diffusé, portant la teneur atmosphérique de 400 ppm à 800-900 ppm.
En configuration non optimisée, ce largage de CO2 s’élève à 120 t/ha. Un CO2 généralement issu de la récupération des fumées de combustion (si chaudières à gaz), ou de gaz liquéfié sous pression (gaz synthétique, si chauffage de la serre par chaudière bois). Ce CO2 est également importé en période sans chauffage (en été, besoins nuls en chaleur mais forts en CO2).
Publié le 18 mars 2024